Enfer ou paradis ? Ce n’est plus le problème pour les Suisses
Pendant longtemps, pour ne pas dire durant des siècles, la croyance dans l’existence d’un paradis, versus d’un enfer, avec la version complémentaire du purgatoire, a dominé le paysage des représentations et des imaginaires. Les historiens rappellent combien la peur de la mort était présente et combien l’assurance d’aller auprès de Dieu était une réponse pertinente pour la population. Or, à la question posée par le sondage : que se passe-t-il après la mort, la seule réponse claire qui émerge est la suivante. « Après la mort la vie se termine définitivement ». Elle rassemble plus du tiers des sondés.
Pour tous les autres, les deux tiers de la population se pose une question : "comment se représenter l’au-delà". On a souvent estimé que la croyance en la réincarnation remplaçait petit à petit celle en la résurrection. Ce n’est pas vraiment le cas. 9% de la population adhère à l’imaginaire de la réincarnation, un peu moins que les 15% pour qui paradis et enfer sont des réponses valables. En résumé, si les croyants restent largement majoritaires en Suisse, ils n’ont plus guère de représentation de l’au-delà sur laquelle ils peuvent s’appuyer. Ils ont une vraie difficulté à faire du lien entre leur vie et l’au-delà. Ce que le binôme enfer/paradis permettait de faire en jouant sur le binôme punition/récompense.
Ce sondage montre que ce qui est en jeu c’est bien l’idée même que l’on a de Dieu. Le mensuel Christianisme Aujourd’hui donne la parole à un philosophe. Alexis Masson, explique pourquoi le paradis n’est plus vraiment désirable aujourd’hui. « Vivre dans une communion parfaite avec un Dieu qu’on ne connaît pas est un peu intimidant ». Par contre, « Si Dieu est un être personnel qui nous a créés avec une intention, alors se pose la question de ce qu’il attend de nous ».